Démarche artistique et Bio



Peindre, c’est exister. 

Donner un sens au silence vers un élan, une présence. Ma peinture prend naissance au cœur d'un questionnement sans relâche, comme un rituel, pour rompre et libérer le sens.


Chaque nouvelle recherche est nourrie de la peinture précédente. Ma démarche se réfère toujours à l'autoportrait, à cette part invisible si difficile à atteindre et à rendre extérieure. Toutes mes peintures sont relatives aux émotions non explicites ou non atteintes. Toucher et saisir par la main ce qui me traverse sans chercher à enfermer. Caresser pour donner une teinte. La peau est la frontière entre ma perception et le monde.

« Les hommes créent par crainte de disparaître sans être jamais apparus. »
extrait de Pierre de Christian Bobin

Traversée par un questionnement incessant à la recherche de mon identité et de mon héritage artistique, je découvre en peignant que mes peintures ne cherchent pas à y répondre mais à transposer mes interrogations.

Ma création est un travail de mémoire et de perception d’un état de passage et de transformation. Les souvenirs sont des émotions, la mémoire est physique, les expériences sont des liens noués ou perdus. Ainsi mes forces intérieures, mes attentes et mes immobilités interpellent sur la toile mes origines, mes racines et mon héritage.

Peu à peu, le geste nous enseigne que le corps peut guider notre esprit et non l’inverse. Rentrer en peinture est un moyen de quitter l’intellectualisation pour investir le corps. En devenant outil de création, le corps nous révèle et nous fait apparaître.

« Un portrait, c’est rendre visible, porter à l’attention des autres, c’est présenter pour permettre de comprendre. »
  Etel Adnam

Le portrait est au cœur de ma création. La première toile de la série « Extime* »  — part d’intimité volontairement rendue publique — est une présentation sans concession de mon corps devenu motif central et lien tangible avec le monde.

« Créer n’est pas déformer ou inventer des personnes et des choses. C’est nouer entre des personnes et des choses qui existent et telles qu’elles existent, des rapports nouveaux. »
Robert Bresson

Dans la série « Hors de soi » — développée au même moment que les « Extimes » — j’interpelle mon héritage par le biais de la culture Yoruba rencontrée plusieurs fois sur mon chemin. Ainsi, le culte Egungun qui inspire ces portraits n’est pas pour moi un folklore mais une liberté et une transcendance que ses figures m’apportent. Ce rituel est une passerelle entre le monde visible des vivants et le monde invisible des morts. Ainsi, la main se saisit, la trace se définit, et la route se dessine vers une promesse, un élan de vie et une élévation. 

La couleur n’a jamais fait partie de mon travail en design graphique et en peinture elle éclate et ensemence : elle devient l’expression du mystère — donnant de l’espace et matérialisant le temps qui s’est écoulé. Par touches et couches successives de couleurs transparentes, je crée une vibration narrative et poétique en échos à mes figures. La couleur me permet de tisser des liens, des histoires et une mémoire.


« Do not fear mistakes. There are none. » 
Miles Davis

Mon chemin est de tendre vers la plus simple sincérité exprimée par le corps, sans que l’esprit ne le conditionne. Devant mes peintures je me sens la liberté jusqu’au bout de pouvoir tout changer. Si je ne suis pas dans cette liberté, c’est que mon corps est absent. Cet engagement suppose un contexte de douceur en lien avec l’extérieur. Le corps qui guide le geste créatif doit être présent dans un espace où tout est possible, où tout est acceptable.


* En référence au « Journal extime » de Michel Tournier qui sonde l’intimité non pas de son auteur mais du territoire qui lui est extérieur.


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crédit photo : Agnès Janin



« Il n'est point question dans mon travail d'image, de représentation, ou de figuration mais de présence. » 
— Monique Frydman




BIO

Artiste peintre vivant à Paris, j'entre en peinture en 2017 après 40 ans de silence. La perte de mon père peintre dès mon plus jeune âge m’a fait grandir avec une transmission artistique rompue. Puis mon enfance passée en Afrique de l'Ouest a nourri une sensibilité́ aux rituels et un goût de l'altérité qui donnent une emprunte singulière à mes inspirations.

Après avoir été une grande partie de ma jeunesse aux Beaux-Arts municipaux, mes études en Arts Appliquées à l’école Estienne en création typographique m’ont fait découvrir l’engagement du geste dans le tracé par le rythme et la respiration. Parallèlement à une carrière en design graphique, je m'engage pendant 20 ans dans l'étude d'un art martial japonais avec l'intuition que cette pratique m'apportera un enracinement physique dans l'acte de peindre. La rigueur de cet apprentissage me fait rentrer de plain-pied dans mon corps.

De mon passage aux ateliers des Beaux-Arts de Paris où je suis restée quatre années, je garde une certitude : 

Je ne pouvais plus continuer à ignorer mon chemin.

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